16 novembre 2008

Vanitas vanitatum omnia vanitas

A voir en écoutant : Nina Simone - Suzanne



Cher lecteur,


Paris. Novembre 2008. Mois de la Photo.
J'aurais pu choisir de te parler de la Magnum Gallery ou du Palais de Tokyo. Mais il me semble avoir entraperçu ton abonnement à Télérama.
J'aurais pu choisir de te parler des sous-Avedon (béni soit le jour où ils comprendront enfin qu'un portrait face objectif sur fond blanc n'est pas obligatoirement digne d'intérêt), des Goldin-bis (si je veux me faire voyeur, myspace fera l'affaire) ou des pseudo-Michals (c'est ainsi, peu sont élus génies de la mise en scène). Mais il me semble que je me risquerais à marcher sur les plates-bandes de Technikart.
Aussi, je t'invite à me suivre hors des sentiers du Mois de la Photo, à l'Association Alfred Reth où Aline Boutin propose une exposition des photographies de Rachel Levy.

Pourquoi ?

Parce qu'il est bon de renouer avec la subtilité.
Les photographies de Rachel Levy sont délicates. Pas précieuses, mais fines. Les couleurs des pétales y sont simplement retranscrites dans toute leur complexe nuance et les authentiques ombres projetées sont une apparition cinématographique. L'épure n'est pas uniquement là pour se faire esthète, au contraire, elle souligne les aspérités.

Parce que des fleurs peuvent faire l'objet de portraits.
Les fleurs de Rachel Levy sont des personnages. Rebelle, sophistiquée, timorée, chacune donne à voir son tempérament, le caractère individuel des portraits venant souligner la personnification. Détaillant leur posture, je me surprends à deviner un mouvement derrière l'apparent immobilisme.

Parce que le travail de Rachel Levy actualise les vanités.
La photographe fait une proposition originale en recourant à ces fleurs, que la fraîcheur a quittées mais que le flétrissement n'a pas encore totalement condamnées, pour évoquer la précarité de la vie. Memento mori.
Le temps a laissé ses stigmates. Forcément. Le vécu a marqué son empreinte. Forcément. La finalité du vivant n'a plus qu'à être acceptée puisque le terme du parcours se rapproche. Pourtant, la beauté, débarrassée de son éphémère illusion, gagne en affirmation. L'apparente fragilité est finalement gommée par une force bravache. N'oeuvrant plus pour plaire, les fleurs photographiées par Rachel Levy sont dignes.

A toi de voir...

Merci à Alain Rémond et Jérôme Garcin.

Aline Boutin et l'Association Alfred Reth expose Rachel Levy
du 14/11/08 au 06/12/08
34 boulevard de l'Hôpital
75005 Paris
http://rachellevy.perso.cegetel.net/


3 commentaires:

Anonyme a dit…

Original.... et c'est vrai que ce n'est pas ce qui est habituellement donné à voir en matière de photographie contemporaine. Démarche intéressante, donc.
NB : pas la peine de taper sur Technikart parce qu'il me semble que parfois vous n'êtes pas loin non plus du "j'aime ce que tout le monde déteste" et je déteste ce que tout le monde aime".

Anonyme a dit…

Merci pour ta pertinence. Ta clairvoyance, devrais-je même dire...
Car c'est une qualité rare dans la critique d'art.

Unknown a dit…

Belle interprétation sur le thème et surtout très romantique. Merci.