19 octobre 2008

Provocation ?

A voir en écoutant : Miilkbone - Keep It Real


Cher lecteur,


les parisiens et les parisiennes s'entassent dans un espace de 39.000 m2 pour l'inauguration du 104, événement que chacun avait pris soin de noter dans son iPhone et autre Blackberry. Tous observent, avec une perplexité qu'ils tentent de dissimuler, certaines oeuvres dont la vocation dernière est d'être intelligibles.

Dans un souci d'originalité (snobisme ?), je délaisse le 104 rue d'Aubervilliers pour le 78 rue Amelot où la galerie Magda Danysz invite au vernissage d'Obey et de D-Face. Je suis bientôt rejoint par une curieuse foule identifiable à une affiche roulée, tantôt tenue sous le bras, tantôt dépassant du sac. J'apprends rapidement qu'il s'agit de l'affiche offerte par le 104 à ses visiteurs pour célébrer la consécration du temple auto-proclamé de l'art contemporain. Je m'interroge :
1. me trompe-je tant quant à ma prétendue originalité?
2. mais que fait le public du 104 à la galerie Magda Danysz ?

Concernant ma première interrogation, je t'éviterai les méandres de mon introspection (comme a dû dire un jour Woody Allen : "j'ai un psy").
Pour la deuxième, j'ai rapidement compris que face aux inintelligibles oeuvres du 104, les très compréhensibles travaux d'Obey et D-Face avaient pour mérite de rassurer les parisiens et les parisiennes.

Les deux artistes sont symptomatiques de la nouvelle génération de street-artistes vénérés par les galeristes. Exposés ici en parallèle, ils ont pour point commun d'inviter notre regard au-delà de l'image. L'un détourne les affiches de propagande russe tandis que l'autre a recours à l'imagerie publicitaire américaine des 50's. Tous deux visent à encourager le spectateur à reconsidérer les stéréotypes de la société de consommation (encore elle, toujours elle).

Portés par cette intention, Obey et D-Face transmettent des messages à la force de leur graphisme. Il peut s'agir d'injonction à la paix (un avion militaire détourné en signe Peace & Love ou un soldat dont la mitraillette est décorée du même symbole) ou d'invitation à l'égalité (le portrait de l'icône Angela Davis avec... le symbole Peace & Love). Parfois, ils s'en prennent à l'attraction suscitée par le dieu Argent. D-Face propose ainsi un billet d'un dollar (l'oeuvre en vaut 25.000, le dollar se réévaluerait-il ?) offrant une tête de mort ornée de deux ailes déplumées. Certains y voient de la "désobéissance visuelle" et parlent du comble de la provocation. Certes, le message est limpide - peut-être un peu trop - mais en matière de provocation, Mafalda faisait mieux et avec humour, en prime.
Pour ma part, les deux artistes n'atteignent pas totalement leur but de m'inviter à porter un autre regard sur mon environnement. La faute à la facilité. Néanmoins, je suis sensible à l'esthétique proposée. Obey est à compter parmi ceux qui ont contribué à l'évolution du Street-Art, le faisant passer de l'obligatoire simplisme originel (dans la rue, fallait faire vite) à l'actuelle complexité des oeuvres. En témoignent le méticuleux assemblage de pièces de journaux, l'utilisation sophistiquée du pochoir conjointement au rouleau et la bichromie.

Pari à moitié tenu donc pour Obey et D-Face. Mon conseil du jour : dans la famille Street-Art, je t'invite à (re)découvrir Banksy, son humour et la finesse de ses provocations.

A toi de voir...
Merci à Alain Rémond et Jérôme Garcin.



Exposition Obey + D-Face
Du 11/10/08 au 25/10/08
Galerie Magda Danysz
78 rue Amelot
75011 Paris
www.magda-gallery.com

2 commentaires:

Anonyme a dit…

je découvre aujourd'hui votre site et je crois que je suis déjà fan....
Merci de me faire découvrir des galeries et des artistes dont je n'aurais pas eu connaissance sans votre site. Et puis l'idée d'une proposition musicale pour chaque texte est formidable. MERCI

Anonyme a dit…

Le parisianisme parisien me manque dans la Californie où je suis exilée. Grâce à toi, je suis à distance ce qui se passe dans ma capitale chérie.
PS : reste snob.