7 septembre 2008

Insolites perspectives

A voir en écoutant : Knucklehead - Jazz Disc (The Happy Organ)


Cher lecteur,

comme toi cette semaine, j'ai vécu ma Rentrée. A l'instar de quinze millions d'élèves et d'un peu moins de professeurs que l'année précédente (après tout, tant qu'il reste du temps de cerveau humain disponible, l'Education est-elle si importante ?), j'ai troqué mes palmes et mes tongs contre mon stylo et mes urban wears, déterminé à reprendre avec enthousiasme mon exploration de l'univers des arts contemporains.
Comme toi cet été, j'ai été subjugué par la magnificence des cérémonies des Olympiades et troublé par le décuplement des émotions sportives et les vociférations des commentateurs qui les accompagnaient. Comme toi, j'ai été interloqué par le retour d'une expression que je pensais désuète, "la Guerre Froide".
Cerné par ces fastes et fracas, j'opte, en cette semaine de rentrée, pour ce que je pense relever du familier, celui de la Foire du Trône, en choisissant de découvrir les oeuvres de Jacqueline Taïb dans l'exposition "Hors-sol" proposée par la Galerie La Ferronnerie.
Mon oeil est justement attiré par des toiles grand format présentant des scènes de fête foraine appartenant à une imagerie familière. Et pourtant...

Dès l'observation de "Pas de perdant" où un forain est inscrit dans un agglomérat de peluches, je pressens un je-ne-sais-quoi d'étrange. Le regard y est d'abord sollicité par la couleur puis l'attention est captée par l'homme juché sur son stand, justement "hors-sol". Certes, l'image est connue, de la multitude de lots à gagner aux sollicitations à jouer, mais déjà, derrière l'apparente structuration de la composition, je ressens un trouble.

Jacqueline Taïb propose des perspectives apparemment évidentes. Apparemment, car mon regard, à l'instar des personnages secoués par le manège dans la toile présentant une grande roue, est rapidement balloté d'un plan à un autre, tous finissant par se confondre. Par son choix d'une prise de vue décalée, Jacqueline Taïb, qui travaille à partir de relevés photographiques, m'inclut totalement dans la scène.

Plus tard, je suis les pas d'une mère et sa fille arpentant les allées de la fête foraine. Dans "Asile", la notion d'"hors-sol" est celle de l'immigration. Le voile renvoie tant au déracinement qu'à l'apparition d'un ailleurs. Jacqueline Taïb peint avec la complicité du cadrage qu'elle propose. Le t-shirt porté par l'homme qui fait face à la mère et sa fille porte l'inscription "Brasil" mais seules les lettres "asil" sont données à voir...
Enfin, je retrouve, dans "Vultur", intensité des couleurs et aléatoire angle de vue, l'un provoquant mon regard, l'autre se jouant de mes repères.
Ainsi, partant d'instants éphémères captés à la Foire du Trône, Jacqueline Taïb m'emmène loin des lieux communs. Au-delà des images connues de tous, elle m'embarque dans un espace où les perspectives déstructurées offrent, dans une profusion de couleurs, une part d'étrangeté inattendue.

Photos courtoisie Galerie La Ferronnerie.

A toi de voir...
Merci à Alain Rémond et Jérôme Garcin.

Exposition "Hors-sol"
Galerie La Feronnerie
du 04/09/2008 au 04/10/2008
40 rue de la Folie-Méricourt
75011 Paris
www.galerielaferronnerie.fr







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